Depuis le début de l’été, jambe cassée, j’ai rendez-vous avec les arbres tous les matins et tous les soirs avant et après le lever du soleil. Il fait alors bon sur la terrasse. Je peux dessiner tranquillement presque deux heures.
Dessiner un même motif pendant deux mois apporte une autre façon d’être reliée. La lumière change mais aussi la manière d’être attentive à ce qu’on croit connaître et qu’on finit par ne plus voir ! Une aventure de chaque instant avec bien sûr quelques écueils, mais chemin faisant, de belles surprises.
Je suis certaine aussi que ces heures passées en contemplation, crayon ou pinceau à la main, alimenteront mes prochaines peintures.
J’espère que ces dessins en donneront un aperçu.
Les dessins ci-dessous sont réalisés sur un papier 160g – format A2 (42 x 59,4)
Ci-dessous, une autre série de dessins à l’encre au format A4
En dessinant, je pensais aussi souvent à certains passages du livre « je suis ce que je vois » de Alexandre Hollan
Voir, c’est aussi reconnaître le moment où une perception résonne dans le corps.
Maintenir une partie de l’attention au monde extérieur permet au regard de prendre corps. Une réalité plus profonde apparaît… Une image plus stable, plus durable. Je commence à avoir contact avec ce que je vois. En avoir un goût, une sensation.
Regarder avec attention, avec patience et souplesse, pour réinventer, pour retrouver quelque chose. Regarder n‘est pas rien, c’est un travail « à l’envers » : se détacher du concept, des formulations, de l’envie de s’exprimer, de l’envie de se mettre à dessiner, à peindre.
Une impression est un contact bref entre le monde extérieur et quelque chose qui intérieurement lui correspond.
Le regard procède par touches et rebondissements, d’où des vibrations à la surface du dessin.
L’œil ne voit pas la ligne. La ligne est dans le temps. La vision est hors du temps. Dessiner le mouvement c’est courir dans le visible.
Laisser le regard s’élargir. Ne pas s’arrêter sur un détail. Ramener le regard perdu dans le monde. Loucher, brouiller le regard pour qu’il se libère des formes qui le captent.
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