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2021 : L’année du buffle

Entrons dans cette nouvelle année du buffle avec une peinture sur rocher et un proverbe

Peinture sur rocher au fil des quatre saisons © Corinne Leforestier

 

對牛彈琴

dùi níu tán qín

“Jouer du luth devant les buffles”

ce qui équivaut dans le sens le plus courant à :

“parler à un mur”

calligraphie en xingcao – 2021 – Corinne Leforestier

Il existe une autre interprétation de ce proverbe :
le musicien s’aperçoit que le buffle ne peut pas comprendre les mélodies jouées; il l’observe attentivement et change de rythme. L’animal réagit immédiatement …

Cela me rappelle une histoire arrivée à mon frère. Il s’exerçait à la bombarde (instrument à vent breton).
La fenêtre de sa chambre était ouverte. Les vaches qui se trouvaient dans le champs de l’autre côté de la rivière se sont mises à galoper vers lui et à  danser dans la prairie !

Je vous souhaite pour 2021 de trouver la bonne musique pour enchanter et faire danser le monde qui vous entoure.

Voici pour celles et ceux qui veulent s’exercer à la calligraphie chinoise, ce même proverbe en trois styles.
De gauche à droite : kaishu, xingshu, caoshu.

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Les miroitants – peinture sur rocher

Entrons dans ce nouvel été, avec quelques photos de la peinture sur rocher “les miroitants” réalisée dans le ravin au merle en 2019, et une page de Nan Sheperd tirée du livre “Dans la montagne vivante” (Christian Bourgois)

 

Pourquoi certains blocs de pierre, taillés en formes violentes et torturées, tranquillisent à ce point l’esprit, je l’ignore. Peut-être l’œil impose-t-il son propre rythme à ce qui n’est que confusion. Il faut regarder de manière créative pour voir en cette masse de rochers autre chose que des saillies et des sommets – la beauté. Sinon pourquoi depuis tant de siècles les hommes se sentent-ils rebutés par la montagne ? C’est un certain genre de conscience qui interagit avec les formes de la montagne pour créer ce sens de la beauté. Pourtant les formes doivent être là pour que l’œil les voie. Et des formes d’une certaine distinction : de simples mottes ne feraient pas l’affaire. Il s’agit, comme pour toute création, de matière imprégnée d’esprit. Mais le résultat est un esprit vivant, une lueur dans la conscience, qui périt avec la lumière. C’est quelque chose d’arraché au non-être, cette ombre qui glisse sur nous sans cesse et qui peut être tenue à distance par un acte créatif continuel. Ainsi, regarder simplement quelque chose, comme une montagne, avec l’amour qui pénètre son essence, c’est étendre le domaine de l’être dans l’immensité du non-être. L’homme n’a pas d’autre raison d’exister.

Pratiquer la peinture sur rocher donne à ressentir une altérité. Cela me permet de désapprendre les automatismes du regard et des gestes du peintre qui se font parfois “mécaniques”. C’est comme une renaissance, une régénérescence des émerveillements.
Le rocher avec ses surfaces multiples, accidentées, animées, pleines d’obstacles inattendus, incite, invite à la découverte, à l’exploration. Je pratique cette peinture au pinceau ou à main nue pour vivre le toucher.

C’est un jeu jubilatoire qui s’accompagne parfois du piaillement d’une volée de mésanges curieuses… Et lorsque rocher et peintre ont les pieds dans le ruisseau : des pépites de joie en perspectives variées !

Un bel été à vous.

 

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Les miroitants ou reflets sur rochers

Depuis quelques années je pratique la peinture sur rocher.
Le film présenté dans ce post en montre un aspect.
Lorsque je le préparais, je suis tombée sur le livre
“Dans la montagne vivante” de Nan Shepherd.
Et l’ouvrant au hasard, je lis :

Connaître complètement ne serait-ce qu’un champ est l’expérience d’une vie. Dans le monde de l’expérience poétique, c’est la profondeur qui compte, pas la largeur.

Quelques pages plus loin :

Le bruit de toute cette eau courante est aussi essentiel à la montagne que le pollen aux fleurs. On l’entend sans l’écouter, comme on respire sans y penser. Mais à l’écoute, le bruit se désintègre en de nombreuses notes différentes – la lente claque du loch, le trille aigu du ruisselet, le rugissement de la cascade. Sur une petite portion d’un cours d’eau, l’oreille peut distinguer simultanément une douzaine de notes différentes.

C’est cette expérience que je recherche dans la peinture sur rocher au bord de l’eau. Rencontrer la montagne par ses sentiers oubliés.
Écouter et entendre ce qu’elle a à dire et parfois, prendre un peu d’encre de chine et tenter la trace sur la paroi avec le pinceau ou  la main.

Les éclats de soleil reflétés par une cascatelle sur un rocher ouvrent soudain un espace à découvrir.
Il faut s’y installer, prendre le temps de n’en rien attendre pour mieux ensuite se laisser traverser.

Je reviendrai dans un prochain post sur ce que cette pratique apporte au travail de peinture en atelier.


Ce film est conçu pour entrer en contemplation, éprouver un autre rythme au cœur de la montagne vivante.
Il est à regarder et écouter sur grand écran (et non smartphone)

Images et sons captés dans le ravin au merle en mai-juin 2020
Peinture sur rocher réalisée en 2019

 

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