toute la feuille sillonnée par les traits bouillonnants
comme si elle était traversée par un cours d’eau galopant
Shi Bo
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Exercices préparatoires
les différents essais pour donner de l’élan au pinceau
J’essaie de penser à cette fluidité lorsque je dessine l’après-midi au bord de l’eau.
Le prochain article sera consacré à ces séances de dessins.
En voici un aperçu.
Ce poème est l’un des plus connus de la poésie Tang.
De nombreuses traductions en ont été faites
1
Tout d’abord, la traduction mot à mot par François Cheng
好雨 / 知時節 bonne pluie / savoir propice saison 當春 / 乃發生 au printemps / alors favoriser vie 隨風 / 潛入夜 suivre vent / furtive pénétrer nuit 潤物 / 細無聲 humecter choses / délicates sans bruit 野徑 / 雲俱黑 sauvages sentiers / nuages tous noirs 江船 / 火獨明 fleuve bateau / fanal seul clair 曉看 / 紅濕處 aube regarder / rouge mouillé lieu 花重 / 錦官城 fleurs alourdies / brocard mandarin ville
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et sa traduction
Bonne pluie, une nuit de printemps La bonne pluie tombe à la bonne saison
Amène le printemps, fait éclore la vie
Au gré du vent, se glissant dans la nuit
Silencieuse, elle humecte toute chose
Sentiers broussailleux noyés dans les nuages
Seul sur le fleuve, le fanal d’une barque
L’aube éclaire le lieu, rouge et trempé :
Fleurs alourdies sur mandarin en pourpre
traduction François Cheng – l’écriture poétique chinoise
2
Nuit de printemps, heureux qu’il pleuve
La pluie bénéfique connaît bien la saison
elle vient opportunément au printemps, ainsi la vie s’anime
suivant discrètement le vent, elle arrive la nuit
elle humecte les choses doucement , sans bruit
au dessus du chemin, dans la campagne, les nuages sont noirs
sur la rivière, dans ma barque, la lueur du feu solitaire
à l’aube, je vais contempler les bosquets rouges détrempés
les fleurs appesanties dans la ville du brocard
traduction Cheng wing fun & Hervé Collet
Tufu une mouette entre ciel et terre
Edition Moundarren
3
Pour saluer la pluie d’une nuit de printemps La bonne pluie reconnaît la saison
Elle apporte la vie la printanière.
La nuit secrète elle a suivi le vent
Sans un bruit douce humectant toute chose.
Sur le sentier les nuages sont noirs
Du feu rougeoie sur un bateau de pêche.
A l’aube tout est rouge et détrempé :
Cheng-du s’est réveillé – ses fleurs sont lourdes.
traduction André Markowicz – Ombres de Chine
4
Pluie bienfaisante par une nuit de printemps La bonne pluie connaît la bonne saison
C’est qu’au printemps tout va germer et pousser
Elle s’insinue dans la nuit en suivant la brise
Elle nourrit soigneusement sans faire de bruit
Sur les sentiers sauvages même les nuages sont noirs
Seule une lumière brille sur un bateau dans la rivière
Au matin, regardez les fleurs rouges imprégnées d’eau
Elles s’épanouissent partout, dans toute la ville de Brocart
traduction JMG Le Clezio / Dong Qiang
Le flot de la poésie continuera de couler
5
Heureux qu’il pleuve une nuit de printemps La pluie bienfaisante connaît la saison ;
Elle survient justement au printemps.
Elle suit le vent pour glisser dans la nuit ;
Humectant les choses silencieusement.
Sur la route de campagne, des nuages noirs ;
Dans la barque sur la rivière, un feu luit.
à l’aube,on voit les massifs rouges mouillés ;
La ville de Brocart est par les fleurs envahie.
traduction Rémy Mathieu
L’anthologie de la poésie chinoise – Gallimard
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Le même poème calligraphié horizontalement vers par vers
杜甫 Du Fu (712 – 770) 田舍
田舍清江曲,柴門古道旁。
草深迷市井,地僻懶衣裳。
櫸柳枝枝弱,枇杷樹樹香。
鸕鹚西日照,晒翅滿魚梁。
Ma hutte campagnarde
Ma hutte campagnarde se trouve dans un méandre de la rivière rapide
le portail en branchage au bord d’un sentier antique
les herbes hautes cachent le chemin vers le marché de la ville
l’endroit est à l’écart, nul besoin de se soucier de l’habillement
les saules ont des branches frêles
les néfliers des fruits parfumés
les cormorans, illuminés pas le soleil à l’ouest
déploient leurs ailes pour les réchauffer au soleil,
elles couvrent les radeaux des pêcheurs
Traduction : éditions Moundarren TU FU une mouette entre ciel et terre
Combien sont glaciaux oreiller et couverture !
Je vois la blancheur sur la fenêtre
La nuit profonde la neige lourdement accumulée
De temps à autre me parvient le fracas de bambous cassés
traduction Shi Bo
calligraphie du poème « neige nocturne » de Bai Juyi en xingshu – corinne leforestier 2025
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Exercices préparatoires
pour chaque vers de droite à gauche :
1 style kaishu (régulier), 2 style xingshu (courant), 3 style de Su Dong Po
vers 1
vers 2
vers 3
vers 4
calligraphie dans le style de Su Dong Po
calligraphie du poème « neige nocturne » de Bai Juyi dans le style de sushi – corinne leforestier 2024
une autre calligraphie
calligraphie du poème « neige nocturne » de Bai Juyi en xingshu – corinne leforestier 2025
la rivière bleue Pour me rendre dans la vallée des Fleurs jaunes,
j’emprunte la Rivière Bleue
je longe les montagnes, dix mille tournants
la distance parcourue est à peine de cent li
dans le vacarme au milieu d’un chaos de rochers
la couleur apaisante des pins denses
flottent, tanguent les châtaignes d’eau
clairs, immobiles luisent les jeunes roseaux
mon coeur depuis toujours est serein
comme la rivière limpide
ah ! Rester là sur un grand rocher
avec une canne à pêche à finir mes jours
« WANG WEI, le plein du vide » – Edition Moundarren
« la rivière bleue », poème de Wang Wei calligraphié en xinshu par Corinne leforestier – 2024
Exercices préparatoires vers par vers
une calligraphie du même poème
« la rivière bleue » poème de Wang Wei calligraphié en xingcao par Corinne Leforestier – 2024
Aube de neige de Lu Yu (1125 – 1210) qui a sculpté autour du lac, en paravent de jade blanc
les dix mille replis vers des montagnes en face de la salle du sud
ivre, le vieillard dans sa folie riant tout seul
avec sa canne de bambou dessine des caractères, la cour en est toute remplie
Luyu « Le vieil homme qui n’en fait qu’à sa guise » – Edition Moundarren
une autre composition du même poème
Le dernier vers du poème
avec ma canne de bambou, je dessine des caractères, la cour en est toute remplie
un poème de Liu Yuxi calligraphié en xingshu en 2023 par Corinne Leforestier
秋風引
何處秋風至 蕭蕭送雁群
朝來入庭樹
孤客最先聞
Ode au vent d’automne D’où vient ce vent d’automne ?
Son murmure salue les oies sauvages
Dès le matin elles se posent sur l’arbre de la cour
Voyageur solitaire, je suis le premier à les entendre
Si loin que vous alliez, si haut que vous montiez, il vous faut commencer par un simple pas. traduction de Pierre Rickmanns – les Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère
une autre calligraphie de la sentence
la sentence calligraphiée en caoshu à droite et en xingshu à gauche
J’ai travaillé cette poésie avec Shi Bo dans deux cursus.
J’ai voulu voir où j’en étais aujourd’hui en calligraphie et ai donc décidé de reprendre ce travail.
A partir des modèles donnés par Shi Bo dans ses cursus, et du souvenir des conseils dispensés, j’ai travaillé les 3 styles : kaishu (régulier), xinshu (courant), caoshu (herbe folle).
J’ai aussi commencé à travailler cette même poésie d’après un modèle de Su Dong Po.
Le travail de calligraphie est sans fin …
终南望余雪
En contemplant la neige sur le mont Zhongnan
祖詠 Zu Yong(699?~746?)
終南陰嶺秀
積雪浮雲端
林表明霽色
城中增暮寒
Sur le mont Zhongnan quelle beauté du versant ombreux
Son sommet coiffé de neige perce les nuages moutonneux
Le ciel limpide se reflète dans le bois brumeux
Dans la capitale au crépuscule s’accroît le froid laiteux