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un poème de Du Fu – Nuit de printemps, heureux qu’il pleuve

春夜喜雨

Nuit de printemps, heureux qu’il pleuve

杜甫 Du Fu (710-770)

好雨知時節,當春乃發生。
隨風潛入夜,潤物細無聲。
野徑雲俱黑,江船火獨明。
曉看紅濕處,花重錦官城。

calligraphie du poème de Du Fu en xingcao – Corinne Leforestier 2025

 

Ce poème est l’un des plus connus de la poésie Tang.
De nombreuses traductions en ont été faites

1

Tout d’abord, la traduction mot à mot par François Cheng

好雨 / 知時節
bonne pluie / savoir propice saison
當春 / 乃發生
au printemps / alors favoriser vie
隨風 / 潛入夜
suivre vent / furtive pénétrer nuit
潤物 / 細無聲
humecter choses / délicates sans bruit
野徑 / 雲俱黑
sauvages sentiers / nuages tous noirs

江船 / 火獨明
fleuve bateau / fanal seul clair
曉看 / 紅濕處
aube regarder / rouge mouillé lieu
花重 / 錦官城
fleurs alourdies / brocard mandarin ville

◊◊◊◊◊

et sa traduction

Bonne pluie, une nuit de printemps
La bonne pluie tombe à la bonne saison
Amène le printemps, fait éclore la vie
Au gré du vent, se glissant dans la nuit
Silencieuse, elle humecte toute chose

Sentiers broussailleux noyés dans les nuages
Seul sur le fleuve, le fanal d’une barque
L’aube éclaire le lieu, rouge et trempé :
Fleurs alourdies sur mandarin en pourpre

traduction François Cheng – l’écriture poétique chinoise

 2

Nuit de printemps, heureux qu’il pleuve
La pluie bénéfique connaît bien la saison
elle vient opportunément au printemps, ainsi la vie s’anime
suivant discrètement le vent, elle arrive la nuit
elle humecte les choses doucement , sans bruit
au dessus du chemin, dans la campagne, les nuages sont noirs
sur la rivière, dans ma barque, la lueur du feu solitaire
à l’aube, je vais contempler les bosquets rouges détrempés
les fleurs appesanties dans la ville du brocard

traduction Cheng wing fun & Hervé Collet
Tufu une mouette entre ciel et terre
Edition Moundarren

3

Pour saluer la pluie d’une nuit de printemps
La bonne pluie reconnaît la saison
Elle apporte la vie la printanière.
La nuit secrète elle a suivi le vent
Sans un bruit douce humectant toute chose.
Sur le sentier les nuages sont noirs
Du feu rougeoie sur un bateau de pêche.
A l’aube tout est rouge et détrempé :
Cheng-du s’est réveillé – ses fleurs sont lourdes.

traduction André Markowicz  – Ombres de Chine

4

Pluie bienfaisante par une nuit de printemps
La bonne pluie connaît la bonne saison
C’est qu’au printemps tout va germer et pousser
Elle s’insinue dans la nuit en suivant la brise
Elle nourrit soigneusement sans faire de bruit
Sur les sentiers sauvages même les nuages sont noirs
Seule une lumière brille sur un bateau dans la rivière
Au matin, regardez les fleurs rouges imprégnées d’eau
Elles s’épanouissent partout, dans toute la ville de Brocart

traduction JMG Le Clezio / Dong Qiang
Le flot de la poésie continuera de couler

5

Heureux qu’il pleuve une nuit de printemps
La pluie bienfaisante connaît la saison ;
Elle survient justement au printemps.
Elle suit le vent pour glisser dans la nuit ;
Humectant les choses silencieusement.
Sur la route de campagne, des nuages noirs ;
Dans la barque sur la rivière, un feu luit.
à l’aube,on voit les massifs rouges mouillés ;
La ville de Brocart est par les fleurs envahie.

traduction Rémy Mathieu
L’anthologie de la poésie chinoise  – Gallimard

◊◊◊◊◊

Le même poème calligraphié horizontalement vers par vers

calligraphie du poème de Du Fu en xingshu – Corinne Leforestier 2025

◊◊◊◊◊

Il est aussi l’un des poèmes que les enfants chinois apprennent par cœur

◊◊◊◊◊

une autre composition calligraphique du même poème

calligraphie du poème de Du Fu en xingcao – Corinne Leforestier 2025


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Intermède : pourquoi le monde est parfait ?

Conférence de Joël Striff et Vahé Zartarian donnée le vendredi 15 mars 2024 à Digne-les-Bains dans le cadre de l’association Alexandra David-Néel.

Le titre pourquoi le monde est parfait fait référence aux enseignements non-dualistes de l’advaïta vedanta et du shivaisme du cashmire, éclairés par les sciences contemporaines (physique quantique, neurosciences, éthologie, biologie…).

 

Face aux crises en tous genres, tant individuelles que collectives, jamais le besoin de sens n’a été aussi grand: pourquoi la vie, pourquoi la mort, pourquoi la souffrance, la maladie, etc.?
Dans le même temps, jamais autant d’individus n’ont vécu des expériences spirituelles transformantes: méditations profondes, expériences chamaniques ou de mort imminente, et tant d’autres. Elles redonnent du sens mais que de difficultés à les intégrer dans le contexte de notre culture matérialiste, que de chamboulements elle provoquent dans nos visions du monde et dans nos relations.
Ces questionnements ne sont pas nouveaux. Les humains cherchent depuis longtemps des réponses qui donnent sens aux mystères de la vie. Certaines ont mieux traversé le temps que d’autres: chamanisme, hindouisme, bouddhisme, taoïsme, lamaïsme, christianisme… Mais ces enseignements, pour être acceptables, doivent aussi être éclairés par la science: physique, éthologie, biologie, neurosciences, etc.

Joël Striff est l’auteur de Le chemin vers la paix intérieure : méditations bouddhistes, chrétiennes et hindouistes

https://jmgeditions.fr/produit/le-chemin-vers-la-paix-interieure-meditations-bouddhistes-chretiennes-et-hindouistes/

Vahé Zartarian est notamment l’auteur de Ensemencer la spiritualité de demain et Homo sapiens disparaîtra, et après ?

https://jmgeditions.fr/?s=zartarian&post_type=product&filtering=1&filter_auteurs=38-vahezartarian

son site

https://www.co-creation.net

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Garda toun boun tein / duo art & music

Voici une nouvelle co-création peintures et musique
avec le compositeur Jean-Christophe Rosaz

 et le Kiev Glier institute of music vocal  group
Conductor: Galina Gorbatenko

 

d’une main l’espace s’anime
d’un souffle jaillit le temps
derrière la main, avant le souffle
l’immobile se contemple

Vahé

 

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Par-delà le temps / duo art & music

Voici une nouvelle co-création avec le compositeur
Jean-Christophe Rosaz.

 


Une autre vidéo sur d’autres extraits de la même composition musicale nous conduit ailleurs …

 

En regardant ces deux films, je pense qu’il existe autant d’univers sensibles que d’Êtres et l’Art est là pour nous le révéler.

Proust nous le rappelle également dans cet extrait « du temps retrouvé ».

[…] La grandeur de l’art véritable, au contraire, de celui que M. de Norpois eût appelé un jeu de dilettante, c’était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d’épaisseur et d’imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans l’avoir connue, et qui est tout simplement notre vie, la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie, par conséquent, réellement vécue, cette vie qui, en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. Mais ils ne la voient pas, parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d’innombrables clichés qui restent inutiles parce que l’intelligence ne les a pas « développés ». Ressaisir notre vie ; et aussi la vie des autres ; car le style, pour l’écrivain aussi bien que pour le peintre, est une question non de technique, mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s’il n’y avait pas l’art, resterait le secret éternel de chacun. Par l’art seulement, nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et qui bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont ils émanaient, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient leur rayon spécial.

Proust « le temps retrouvé »

Belles plongées dans le temps et l’espace !

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Intermède à la fourmi

LA FOURMI

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

Eh! Pourquoi pas?

Robert Desnos

 

En ce début 2022, je repense (et pourquoi pas ?) à Robert Desnos qui avait réussi à faire passer pour une comptine (qui fut apprise par de nombreux enfants dans les classes de France), un texte qui dénonçait pour des yeux avertis, la déportation.

Qui ne connaît pas cette poésie « Chantefable » ?

Relisez là avec vos yeux d’adultes en vous disant que la fourmi peut être aussi une locomotive qui emporte en déportation enfants, femmes et hommes de toutes langues…
Et souvenez-vous que Desnos est mort en déportation du typhus le au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie.

La voici chantée par Juliette Greco

Voici aussi une émission de France Culture relatant cela (au bout d’une heure douze d’émission environ pour ceux qui sont pressés).

♦♦♦♦♦

« La fourmi » me rappelle également une exposition du peintre
陈训勇  (Chen Xunyong) que j’avais vue en 2007 à Pékin.
Cette exposition m’avait  frappée ; j’en étais sortie très mal à l’aise… Pourquoi ?

 

 

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Les miroitants ou reflets sur rochers

Depuis quelques années je pratique la peinture sur rocher.
Le film présenté dans ce post en montre un aspect.
Lorsque je le préparais, je suis tombée sur le livre
« Dans la montagne vivante » de Nan Shepherd.
Et l’ouvrant au hasard, je lis :

Connaître complètement ne serait-ce qu’un champ est l’expérience d’une vie. Dans le monde de l’expérience poétique, c’est la profondeur qui compte, pas la largeur.

Quelques pages plus loin :

Le bruit de toute cette eau courante est aussi essentiel à la montagne que le pollen aux fleurs. On l’entend sans l’écouter, comme on respire sans y penser. Mais à l’écoute, le bruit se désintègre en de nombreuses notes différentes – la lente claque du loch, le trille aigu du ruisselet, le rugissement de la cascade. Sur une petite portion d’un cours d’eau, l’oreille peut distinguer simultanément une douzaine de notes différentes.

C’est cette expérience que je recherche dans la peinture sur rocher au bord de l’eau. Rencontrer la montagne par ses sentiers oubliés.
Écouter et entendre ce qu’elle a à dire et parfois, prendre un peu d’encre de chine et tenter la trace sur la paroi avec le pinceau ou  la main.

Les éclats de soleil reflétés par une cascatelle sur un rocher ouvrent soudain un espace à découvrir.
Il faut s’y installer, prendre le temps de n’en rien attendre pour mieux ensuite se laisser traverser.

Je reviendrai dans un prochain post sur ce que cette pratique apporte au travail de peinture en atelier.


Ce film est conçu pour entrer en contemplation, éprouver un autre rythme au cœur de la montagne vivante.
Il est à regarder et écouter sur grand écran (et non smartphone)

Images et sons captés dans le ravin au merle en mai-juin 2020
Peinture sur rocher réalisée en 2019

 

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vidéo de la balade de wu wei

Comme annoncé lors du précédent post, voici la balade de

wu wei (non agir) calligraphié en kaishu


Images et sons captés dans le ravin au buffle en mai 2020

Création à Chaudon – Mai 2020


La mise à jour de ce blog a été interrompue par  un orage survenu le dimanche 26 avril : plus d’accès internet pendant presque un mois !
Les prémisses du monde d’après ?…

Le témoignage sonore de cet orage :

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Meng HaoRan – aube au printemps : vidéo d’une calligraphie mise en musique par Jean Christophe Rozaz

Pour apporter un peu de légèreté et accueillir en musique le printemps qui vient, voici une vidéo.
Elle présente la calligraphie en caoshu du poème « aube au printemps » de Meng Haoran,  mise en musique par Jean-christophe Rozaz.

Création à Nankin – Août 2018
Le coeur Polysons – Piano : Mathieu Picard – Direction : Elisabeth Trigo


Ce même poème calligraphié dans mon atelier le 14 mars 2020

calligraphie en caoshu – 50 x 70 © Corinne Leforestier 2020

 

孟浩然-春曉

春眠不覺曉
處處聞啼鳥
夜來風雨聲
花落知多少

Meng Haoran (689 – 740)
Aube au printemps

Le sommeil au printemps dure au-delà de l’aube
Partout me parviennent des piaillements d’oiseaux
Dans la nuit j’entends le murmure du vent et de la pluie
Sais-tu combien de fleurs sont tombées ainsi ?

Traduction de Shi Bo


En vous souhaitant un beau printemps !

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Wang Wei – dans la montagne : vidéo d’une calligraphie en caoshu

王维 – 山中

Voici la vidéo de la calligraphie du poème « dans la montagne »
de Wang-Wei réalisée en septembre 2018 à Chaudon

 

calligrdans la montagne

calligraphie en caoshu sur papier 50×70  © Corinne Leforestier

荊溪白石出
天寒紅葉稀
山路元無雨
空翠濕人衣

Wang Wei (701 – 761)
Visite du Temple Xiangji

Rochers blancs surgissant des eaux de Jing
Feuilles rouges, ça et là, dans le ciel froid
Il n’a pas plu sur le sentier de montagne
Seul l’azur du vide mouille nos habits.

Traduction de François Cheng
L‘écriture poétique chinoise p.137

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