poème de yuan mai calligraphié en xingshu par Corinne Leforestier – 2025
袁枚-野寺
兩三間屋一溪水
庵久無僧佛墜几
香灰滿地旋作風
松鼠銜旛亂搖尾
我來誤踏野葛花
驚飛蛺蝶成團起
Yuan mei (1716-1797) Un temple dans la campagne
Deux ou trois bâtiments près d’un ruisseau
il y a longtemps que les moines ont désertés le monastère,
le bouddha est tombé de l’autel
les cendres de l’encens couvrant le sol se soulèvent avec le vent
un écureuil vole en agitant frénétiquement sa queue
en partant, sans faire attention, je piétine des lupins sauvages en fleur
effrayés, les papillons s’envolent, s’élevant tel un essaim
Yuan Mei « Epicurien taoïste » – Edition Moundarren
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Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte « 1000 caractères »)
de gauche à droite :
Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1
Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2
Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3
Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5
Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6
les deux caractères 來 et 成 peuvent beaucoup se ressembler dans le style caoshu.
Les retrouvez-vous dans la calligraphie ci-dessous ?
poème de yuan mai calligraphié en caoshu par Corinne Leforestier – 2025
toute la feuille sillonnée par les traits bouillonnants
comme si elle était traversée par un cours d’eau galopant
Shi Bo
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Exercices préparatoires
les différents essais pour donner de l’élan au pinceau
J’essaie de penser à cette fluidité lorsque je dessine l’après-midi au bord de l’eau.
Le prochain article sera consacré à ces séances de dessins.
En voici un aperçu.
Ce poème est l’un des plus connus de la poésie Tang.
De nombreuses traductions en ont été faites
1
Tout d’abord, la traduction mot à mot par François Cheng
好雨 / 知時節 bonne pluie / savoir propice saison 當春 / 乃發生 au printemps / alors favoriser vie 隨風 / 潛入夜 suivre vent / furtive pénétrer nuit 潤物 / 細無聲 humecter choses / délicates sans bruit 野徑 / 雲俱黑 sauvages sentiers / nuages tous noirs 江船 / 火獨明 fleuve bateau / fanal seul clair 曉看 / 紅濕處 aube regarder / rouge mouillé lieu 花重 / 錦官城 fleurs alourdies / brocard mandarin ville
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et sa traduction
Bonne pluie, une nuit de printemps La bonne pluie tombe à la bonne saison
Amène le printemps, fait éclore la vie
Au gré du vent, se glissant dans la nuit
Silencieuse, elle humecte toute chose
Sentiers broussailleux noyés dans les nuages
Seul sur le fleuve, le fanal d’une barque
L’aube éclaire le lieu, rouge et trempé :
Fleurs alourdies sur mandarin en pourpre
traduction François Cheng – l’écriture poétique chinoise
2
Nuit de printemps, heureux qu’il pleuve
La pluie bénéfique connaît bien la saison
elle vient opportunément au printemps, ainsi la vie s’anime
suivant discrètement le vent, elle arrive la nuit
elle humecte les choses doucement , sans bruit
au dessus du chemin, dans la campagne, les nuages sont noirs
sur la rivière, dans ma barque, la lueur du feu solitaire
à l’aube, je vais contempler les bosquets rouges détrempés
les fleurs appesanties dans la ville du brocard
traduction Cheng wing fun & Hervé Collet
Tufu une mouette entre ciel et terre
Edition Moundarren
3
Pour saluer la pluie d’une nuit de printemps La bonne pluie reconnaît la saison
Elle apporte la vie la printanière.
La nuit secrète elle a suivi le vent
Sans un bruit douce humectant toute chose.
Sur le sentier les nuages sont noirs
Du feu rougeoie sur un bateau de pêche.
A l’aube tout est rouge et détrempé :
Cheng-du s’est réveillé – ses fleurs sont lourdes.
traduction André Markowicz – Ombres de Chine
4
Pluie bienfaisante par une nuit de printemps La bonne pluie connaît la bonne saison
C’est qu’au printemps tout va germer et pousser
Elle s’insinue dans la nuit en suivant la brise
Elle nourrit soigneusement sans faire de bruit
Sur les sentiers sauvages même les nuages sont noirs
Seule une lumière brille sur un bateau dans la rivière
Au matin, regardez les fleurs rouges imprégnées d’eau
Elles s’épanouissent partout, dans toute la ville de Brocart
traduction JMG Le Clezio / Dong Qiang
Le flot de la poésie continuera de couler
5
Heureux qu’il pleuve une nuit de printemps La pluie bienfaisante connaît la saison ;
Elle survient justement au printemps.
Elle suit le vent pour glisser dans la nuit ;
Humectant les choses silencieusement.
Sur la route de campagne, des nuages noirs ;
Dans la barque sur la rivière, un feu luit.
à l’aube,on voit les massifs rouges mouillés ;
La ville de Brocart est par les fleurs envahie.
traduction Rémy Mathieu
L’anthologie de la poésie chinoise – Gallimard
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Le même poème calligraphié horizontalement vers par vers
杜甫 Du Fu (712 – 770) 田舍
田舍清江曲,柴門古道旁。
草深迷市井,地僻懶衣裳。
櫸柳枝枝弱,枇杷樹樹香。
鸕鹚西日照,晒翅滿魚梁。
Ma hutte campagnarde
Ma hutte campagnarde se trouve dans un méandre de la rivière rapide
le portail en branchage au bord d’un sentier antique
les herbes hautes cachent le chemin vers le marché de la ville
l’endroit est à l’écart, nul besoin de se soucier de l’habillement
les saules ont des branches frêles
les néfliers des fruits parfumés
les cormorans, illuminés pas le soleil à l’ouest
déploient leurs ailes pour les réchauffer au soleil,
elles couvrent les radeaux des pêcheurs
Traduction : éditions Moundarren TU FU une mouette entre ciel et terre
un poème de Liu Yuxi calligraphié en xingshu en 2023 par Corinne Leforestier
秋風引
何處秋風至 蕭蕭送雁群
朝來入庭樹
孤客最先聞
Ode au vent d’automne D’où vient ce vent d’automne ?
Son murmure salue les oies sauvages
Dès le matin elles se posent sur l’arbre de la cour
Voyageur solitaire, je suis le premier à les entendre
Si loin que vous alliez, si haut que vous montiez, il vous faut commencer par un simple pas. traduction de Pierre Rickmanns – les Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère
une autre calligraphie de la sentence
la sentence calligraphiée en caoshu à droite et en xingshu à gauche
contemplant la montagne sacrée La doyenne des montagnes sacrées, à quoi ressemble-t-elle?
Aux pays de Chi et de Lu, vert à n’en plus finir,
la création concentre là sa magie et sa splendeur
l’ubac et l’adret découpent le crépuscule et l’aurore
de ma poitrine élargie naissent les couches de nuages
dans mes yeux tendus traversent les oiseaux qui s’en retournent
je vais escalader jusqu’au sommet,
et d’un regard embrasser les innombrables montagnes minuscules
Traduction : éditions Moundarren – TU FU une mouette entre ciel et terre
Nouvelle visite au général HO
le soleil se couche sur la terrasse
dans le vent printanier c’est le moment de boire le thé
appuyé à la balustrade en pierre j’imprègne mon pinceau d’encre,
et sous les feuilles du paulownia compose un poème
un martin-pêcheur chante sur le portant
une libellule est perchée sur le fil d’un pêcheur
épris désormais du plaisir de la quiétude,
sans prendre rendez-vous souvent je reviendrai ici
Traduction : éditions Moundarren TU FU une mouette entre ciel et terre
calligraphie en xingcao – 2021 – Corinne Leforestier
Il existe une autre interprétation de ce proverbe :
le musicien s’aperçoit que le buffle ne peut pas comprendre les mélodies jouées; il l’observe attentivement et change de rythme. L’animal réagit immédiatement …
Cela me rappelle une histoire arrivée à mon frère. Il s’exerçait à la bombarde (instrument à vent breton).
La fenêtre de sa chambre était ouverte. Les vaches qui se trouvaient dans le champs de l’autre côté de la rivière se sont mises à galoper vers lui et à danser dans la prairie !
Je vous souhaite pour 2021 de trouver la bonne musique pour enchanter et faire danser le monde qui vous entoure.
Voici pour celles et ceux qui veulent s’exercer à la calligraphie chinoise, ce même proverbe en trois styles.
De gauche à droite : kaishu, xingshu, caoshu.