Il paraît que la route des vents porte le monde,
Ne pourrait-on pas parcourir monts et rivières au fil du pinceau ?
La forme des montagnes révèle l’élan du pic FeiLai,
De ma chambre je suis soudain projeté dans l’univers.
Colophon inscrit sur la peinture de Dong Qichang. Paysage
catalogue de l’exposition : peindre hors du monde
Improvisation au retour au pays natal – He Zhizhang (689 – 744)
J’ai quitté mon village très jeune
J’y reviens aux cheveux blancs
L’accent du pays est toujours gardé
Mais mes cheveux sont devenus clairsemés
Les enfants me regardent et ne me connaissent pas
Ils me demandent dans un sourire
«D’où venez-vous, voyageur?»
Si loin que vous alliez, si haut que vous montiez, il vous faut commencer par un simple pas. traduction de Pierre Rickmanns – les Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère
une autre calligraphie de la sentence
la sentence calligraphiée en caoshu à droite et en xingshu à gauche
Ascension du mont Tai à l’aube je monte au Pic d’où l’on contemple le soleil levant
levant la main je pousse la porte des nuages
mon esprit s’envole dans les quatre directions,
comme jaillissant du ciel et de la terre
le fleuve Jaune arrive de l’ouest,
serpentant entre les lointaines montagnes
au bord du précipice je contemple les huit pôles
mon regard embrasse le ciel vaste et serein
par hasard je rencontre un jeune immortel,
à la chevelure dense, au double chignon comme des nuages
il rit de moi qui apprends si tardivement l’art de l’immortalité
tout le temps perdu, de mon visage la jeunesse s’est fanée
j’hésite, soudain il a disparu
dans l’immensité comment le retrouver?
Ascension du mont Tai À l’aube je bois dans l’étang de la mère céleste Au crépuscule je frappe à le porte du ciel seul, portant mon ch’in précieux, la nuit je me promène dans la montagne bleue sur la montagne, la lune est claire, la rosée blanche la nuit est calme, dans les pins le vent s’est tu des immortels se promènent sur les pics émeraudes de partout montent des chants accompagnés par des orgues à bouche dans la quiétude, je jouis du clair de lune Le temple du vrai Jade est noyé dans la vapeur bleue des montagnes je m’imagine phénix en train de danser flotte ma robe aux dessins de tigre et de dragon Je touche le ciel, cueille l’étoile Pao Kuo enchanté je ne pense plus à m’en retourner je lève ma main, elle joue avec le fleuve céleste maladroite elle accroche le métier de la Tisserande soudain le jour se lève, tout disparaît seuls défilent les nuages aux cinq couleurs
à la vue des lucioles Une nuit d’automne, près du Mont Wu, s’envolent les lucioles Traversant le rideau, elles se posent sur les épaules de l’homme assis Celui-ci ressent soudain le froid qui touche déjà le luth et les livres Et voit à travers leur agitation quelques étoiles au bord du toit Il sort et les suit jusqu’au puits où elles dansent avec leurs reflets Sur le passage, elles s’attardent et illuminent les étamines des fleurs Cheveux blancs, fatigué des fleuves, l’homme se lamente : « regarde-toi Vieil homme, seras-tu toujours là à contempler ces lucioles, l’an prochain? »
Traduction : traduction JMG Le Clezio / Dong Qiang
Le flot de la poésie continuera de couler
contemplant la montagne sacrée La doyenne des montagnes sacrées, à quoi ressemble-t-elle?
Aux pays de Chi et de Lu, vert à n’en plus finir,
la création concentre là sa magie et sa splendeur
l’ubac et l’adret découpent le crépuscule et l’aurore
de ma poitrine élargie naissent les couches de nuages
dans mes yeux tendus traversent les oiseaux qui s’en retournent
je vais escalader jusqu’au sommet,
et d’un regard embrasser les innombrables montagnes minuscules
Traduction : éditions Moundarren – TU FU une mouette entre ciel et terre
Nouvelle visite au général HO
le soleil se couche sur la terrasse
dans le vent printanier c’est le moment de boire le thé
appuyé à la balustrade en pierre j’imprègne mon pinceau d’encre,
et sous les feuilles du paulownia compose un poème
un martin-pêcheur chante sur le portant
une libellule est perchée sur le fil d’un pêcheur
épris désormais du plaisir de la quiétude,
sans prendre rendez-vous souvent je reviendrai ici
Traduction : éditions Moundarren TU FU une mouette entre ciel et terre
Naviguant sur le fleuve
Le grand fleuve ceinture Wu chang
en face de l’île du perroquet dix mille maisons
sur la barque peinte mon sommeil printanier ce matin n’est pas encore rassasié
rêvant que je suis un papillon, je pars à nouveau à la recherche des fleurs
Traduction : éditions Moundarren – de l’art poétique de vivre au printemps
Descendant le rapide de la montagne, je contemple la montagne de la fleur d’or
La pensée de la montagne, le sentiment de la rivière ne trompent pas l’allure du temps pluvieux, l’allure du beau temps, les deux sont admirables s’enfermer derrière une porte pour rechercher des vers n’est pas la bonne méthode pour composer un poème c’est seulement quand on voyage que le poème vient naturellement
De retour le soir, je traverse à nouveau le pont de l’ouest
je rentre par le pont de l’ouest, vers l’est, toujours vers l’est des fleurs de renouées sur le chemin dansent dans le vent d’ouest dans les herbes foisonnantes, brusquement, un oiseau s’envole je ne l’avais pas remarqué, lui m’a remarqué
Yang Wan Li – le son de la pluie Edition Moundarren