joie des champs et des jardins (4ème poème) les herbes printanière odorantes et drues sont verdoyantes
sous les grands pins majestueux, en été, il fait frais
buffles et moutons rentrent seuls dans les ruelles du village
les enfants n’ont jamais vu le bonnet ou l’habit d’un mandarin
joie des champs et des jardins (7ème poème) Nous nous retrouvons au bord de la source pour boire du vin
adossés à un grand pin, nous nous plaisons à jouer du ch’in
au jardin du sud, le matin, on cueille des mauves sous la rosée
dans la vallée à l’est, la nuit, on pile le millet
“WANG WEI, le plein du vide” – Edition Moundarren
Poème de Wang Wei calligraphiée en Xingcao par Corinne Leforester – 2024
Une présentation vers par vers
une autre calligraphie du même poème
Poème de Wang Wei calligraphiée en Xingcao par Corinne Leforester – 2024
joie des champs et des jardins (6ème poème) les fleurs de pêchers plus rouges encore imprégnées de rosée nocturne dans les saules verdoyants traine encore la brume légère du matin des pétales sont tombées, le garçon ne les a pas encore balayés un loriot chante, l’hôte de la montagne dort encore
Jia Dao (779 – 843) Composé dans l’ermitage de Li Ning
une demeure tranquille, peu de voisins
un sentier herbeux à travers un jardin en friche
les oiseaux percent dans les arbres au bord de l’étang
parfois un moine vient frapper à la porte sous la lune
une fois le pont traversé se déploient les couleurs de la campagne
déplacer un rocher ébranlerait l’assise des nuages
absent un long moment me voilà de retour
mon vœu de retraite je ne saurais trahir
Jia Dao (779 – 843) Passant la nuit au kiosque de la famille Li
Son oreiller, une pierre ramassée dans le ruisseau
L’eau du puits rejoint l’étang sous les bambous
Voyageur de passage, sans sommeil, à minuit
Seul, il attend l’arrivée de la pluie de montagne.
Visite du Temple Xiangji
Ne sachant pas où se situe le Temple Xiangji
Je marche quelques li et me perds dans les monts ennuagés
La forêt trop dense, sans aucun sentier à suivre
D’où me parvient alors ce son des cloches
Qui résonne dans cette montagne si profonde ?
Une source chuchote parmi des rochers abrupts
Des rayons froids du soleil filtrent entre les pins verts
La nuit tombe sur l’étang calme
Je prie de maîtriser le dragon énorme
Traduction : Shibo
Une autre traduction
Qui connaît le temple du parfum conservé ? Un trajet de plusieurs li jusqu’au pic nuageux Sentier à travers la forêt ancienne : mille trace Au coeur du mont, sons de cloches, venant d’où ?
Bruit de source : sanglots de rocs dressés teinte de soleil fraîche entre les pins Le soir, au creux de l’étang vide, dans la paix Du Chan, quelqu’un dompte le dragon venimeux*
Traduction : François Cheng – l’écriture poétique chinoise
*vers 8 Chan (Zen en japonais) est la transcription chinoise du terme bouddhique dhyana qui signifie “méditation-concentration”.
Le dragon venimeux représente les passions néfastes
Aube de neige de Lu Yu (1125 – 1210) qui a sculpté autour du lac, en paravent de jade blanc
les dix mille replis vers des montagnes en face de la salle du sud
ivre, le vieillard dans sa folie riant tout seul
avec sa canne de bambou dessine des caractères, la cour en est toute remplie
Luyu “Le vieil homme qui n’en fait qu’à sa guise” – Edition Moundarren
une autre composition du même poème
Le dernier vers du poème
avec ma canne de bambou, je dessine des caractères, la cour en est toute remplie
canne à la main je sors en quête de la fraîcheur des saules sur la berge au sud du pont laqué je m’allonge dans une chaise pliante sous la lune claire, dans les barques le son des flûtes s’élève le vent se calme, sur l’étang le suave parfum des lotus
“L’art de la sieste – l’été” – Edition Moundarren
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Je travaille la calligraphie en m’appuyant sur un texte célèbre intitulé
“les 1000 caractères” formé de 250 quatrains.
Il sert de références aux calligraphes car il est composé de 1000 caractères différents.
A titre d’exemple voici le 111ème quatrain :
畫綵仙靈
peinture en couleur du monde des immortels
dans lequel on retrouve l’un des caractères du poème de Chin Kuan
Le voici calligraphié à partir des modèles de cinq grands calligraphes :
de gauche à droite
Huai Su 懷素(737–799) colonne 1
Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2
Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3
Zhi Yong 智永 de la période des sui (581-618) colonnes 4 et 5
Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6
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Voici deux autres calligraphies du poème de Chin Kuan
Les trois ensembles.
Bon mois d’Août dans la fraîcheur estivale.
Prochain article le 29 Août :
vous y découvrirez les gravures créées cet été …
Il fait froid et il neige à Chaudon; j’ouvre l’anthologie
“le poêle et le poèteet autres plaisirs poétiques de l’hiver” des éditions Moundarren,
la feuillette au coin du feu et m’arrête sur ce poème : “entendant une flûte”
Le texte me plaît, d’autant que j’entends Vahé jouer de sa nouvelle flûte à bec alto en arrière fond.
Je vais voir en fin de recueil quel en est l’auteur et découvre qu’il s’agit de Lu Yu. Décidément je rencontre souvent ce poète sur mon chemin !
entendant une flûte de Lu Yu (1125 – 1210) la neige volette, après quelques flocons déjà l’éclaircie à travers les tuiles percées le givre sévère accompagne la lune lumineuse soudain j’entends une mélodie, un homme au cœur noble joue de la flûte à la fenêtre l’accompagne ma voix qui scande un livre
le poêle et le poète – Edition Moundarren p 79
Le caractère 雪 xuě neige est composé des caractères : 雨yǔ pluie et 手shǒu main
Neige : la pluie et la main
→ la pluie qu’on peut retenir dans la main
Jia Dao (779 – 843) Passant la nuit au kiosque de la famille Li
à mon chevet pour oreiller une pierre du ruisseau
la source au fond du puits communique avec l’étang au pied des bambous
passant la nuit ici, à minuit le voyageur ne dort pas encore
seul, j’écoute la pluie au moment où elle arrive de la montagne
“De l’art poétique de vivre en Automne” – Edition Moundarren
Dans ce poème, deux caractères ont une forme en caoshu (herbe folle) très semblable alors que la forme en kaishu (style régulier) est différente. Il s’agit des caractères : 半bàn (moitié – une demi) et 未 wèi (ne …pas encore) :
半 bian : de haut en bas kaishu, xingshu et 2 formes de caoshu
Voyez-vous la différence dans la forme du bas ?
未 wei : de haut en bas kaishu, xingshu et caoshu
Un troisième caractère a également une forme presque semblable en xingshu (style courant) :
il s’agit du caractère 來 lái (arriver).
Ce caractère figurant dans de nombreux textes, il peut apparaître sous différentes formes.
Voici quelques variations : de gauche à droite –來 lái – calligraphié en kaishu, xingshu, et caoshu
En raison des ces ressemblances (faux amis ?), calligraphier en caoshu demande à la fois énergie, détente et concentration. C’est un vrai plaisir lorsque l’équilibre subtil est atteint. De nombreux exercices sont nécessaires.
Voici enfin deux autres compositions de ce même poème : la première dans le même format (70 x 45), le deuxième dans un format plus petit (50 x 37).
Les trois ensembles.
Une différence de composition existe entre celui du milieu et les deux autres : voyez-vous laquelle ?
Il s’agit de la signature → en deux colonnes sur celui du milieu et en une sur les autres !
Le nom de plume pinceau n’est pas le même non plus (d’où les différents sceaux).