Auteur/autrice : linfu Page 5 of 14

Corinne Leforestier, peintre graveur calligraphie chinoise

Elève de Shi Bo de novembre 2007 à novembre 2019, j’ai suivi avec lui 8 cursus (Kaishu, Kaishu libre, Xingshu, 50 poèmes en Xinshu, 30 poèmes en "bambou gracieux" : (le style créé par Shi Bo), 30 poèmes en Caoshu et l’ultime cursus de sentences en Kuangcao.

De 1993 à 2000, j’ai fréquenté les ateliers de gravures de la ville de Paris (Montparnasse puis place des Vosges) et l’atelier de dessin de la rue de Sévigné.

De 1989 à 1992, j’ai été l’élève de Christian Ferré (en peinture et dessin) et de Maurice Maillard (en gravure) à la maison des arts d’Evreux.

Un poème de Bo Ju-yi : adorant écouter du ch’in

白居易
好聽琴

本性好絲桐  塵機聞即空
一聲來耳裡  萬事離心中
清暢堪銷疾  恬和好養蒙
尤宜聽三樂  安慰白頭翁

Bo Ju-yi (772 – 846)

adorant écouter du ch’in
ma nature aime le ch’in en bois de palownia et corde de soie
dès que j’écoute du ch’in, mes préoccupations mondaines se dissipent
une note arrive à mes oreilles,
dix mille tracas se retirent de mon coeur
limpide et gracieux, il guérit toutes les maladies
calme et doux, il éclaire l’ignorance
écouter l’air des “Trois joies”, particulièrement,
console le vieillard à la tête blanche

Po Chu Yi  “un homme sans affaire” – Edition Moundarren

Un poème de Bo Ju-yi calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier

 


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

 

Une autre calligraphie du même poème

Une troisième calligraphie pour observer les différences.

Les trois ensemble

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Un poème de Bo Ju-yi : fleur ?

白居易

花非花 霧非霧
夜半來 天明去
來如春夢不多時
去以朝雲無覓處

Bo Ju-yi (772 – 846)

Fleur. Est-ce une fleur? Brume. Est-ce la brume?
Arrivant à minuit. S’en allant avant l’aube.
Elle est là: douceur d’un printemps éphémère.
Elle est partie : nuée du matin, nulle trace.

Traduction François Cheng – L’éciture poétique chinoise – seuil

Un poème de Bo Ju-yi calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier

 

Le voici lu en mandarin par François Cheng
extrait de l’émission POÉSIE CHINOISE – Qu’est-ce que la Poésie chinoise ?
France Culture, 1979

huā fēi huā wù fēi wù
yè bàn lái tiān míng qù
lái rú chūn mèng bù duō shí
qù yǐ zhāo yún wú mì chǔ


Une autre calligraphie du même poème

Dans cette poésie de nombreux caractères sont répétés. J’ai essayé de les calligraphier de différentes manières chaque fois.

Une troisième calligraphie pour observer les différences.

Les trois ensemble

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au bout de l’île : nouvelle peinture

Ma dernière peinture, de retour du moulin normand …

au bout de l’île – technique mixte sur toile (114 x 146) © Corinne Leforestier 2022

La rivière endormie

Dans son sommeil glissant l’eau se suscite un songe
Un chuchotis de joncs de roseaux d’herbes lentes
Et ne sait jamais bien dans son dormant mélange
Où le bougeant de l’eau cède au calme des plantes

La rivière engourdie par l’odeur de la menthe
Dans les draps de son lit se retourne et se coule
Mêlant ses mortes eaux à sa chanson coulante
Elle est celle qu’elle est surprise d’être une autre

L’eau qui dort se réveille absente de son flot
Écarte de ses bras les lianes qui la lient
Déjouant la verdure et l’incessant complot
Qu’ourdissent dans son flux les algues alanguies.

Claude ROY – Poésie Gallimard

 

Les croquis de préparation pris sur le vif, assise dans l’herbe au moulin (sans juilletas c’est-à-dire les aoûtas de juillet).

Un autre poème pour partir en balade les pieds dans l’eau….

La rivière

 D’un bord à l’autre bord j’ai passé la rivière,
Suivant à pied le pont qui la franchit d’un jet
Et mêle dans les eaux son ombre et son reflet
Au fil bleui par le savon des lavandières.

J’ai marché dans le gué qui chante à sa manière.
Étoiles et cailloux sous mes pas le jonchaient.
J’allais vers le gazon, j’allais vers la forêt
Où le vent frissonnait dans sa robe légère.

J’ai nagé. J’ai passé, mieux vêtu par cette eau
Que par ma propre chair et par ma propre peau.
C’était hier. Déjà l’aube et le ciel s’épousent.

Et voici que mes yeux et mon corps sont pesants,
Il fait clair et j’ai soif et je cherche à présent
La fontaine qui chante au cœur d’une pelouse.

Robert DESNOS – Recueil “Contrée”

A quand la prochaine pluie ?…

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Wang Wei – l’étang aux lentilles d’eau

王维 – 萍池

Wang Wei (701 – 761)
L’étang aux lentilles d’eau

Un poème de Wang Wei calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier

春池深且廣
會待輕舟回
靡靡綠萍合
垂楊掃復開

L’étang aux lentilles d’eau
Au printemps l’étang est large et profond
j’attends le retour de la barque légère
lentement, lentement les lentilles d’eau se rassemblent
le saule pleureur les balaye, à nouveau les éparpille

Traduction : Wang Wei – le plein du vide – Edition Moundarren

 

Une autre calligraphie de ce poème

Dans ce poème le caractère est répété deux fois.

En calligraphie quand un caractère est répété,
le deuxième peut être remplacé par
le signe :

Je vous souhaite un bel été au frais au bord de l’eau !

La mare de la trigale (Eure) – photo de Corinne Leforestier (juillet 2022)

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Intermède aux fabulles

Drôle d’apparition
Une chaise et un crabe se regardaient en chiens de faïence.
L’horloge sonna 22h22.
Un voile de particules fines s’insinua dans la chambre claire.

Alors,… tout s’emmêla!
– le chat et la pelote rouge
– la baleine bleue et le casse-noisettes
– le soleil jaune et la nuit noire.
– le vert des rideaux

Et c’est comme ça que Polyptonus fit son apparition
dans un grand éternuement cosmique.

◊◊◊

Et après?
L’homo-sapiens, y partira
et après?
Après, Polyptonus apparaîtra
Et qui c’est-t-y donc que c’tuluberlu?
Polyptonus, c’est un homme à tout faire :
– l’anarchie
– la polygamie (et andrie)
– la décoruction
Sans parler :
– des langages à touiller
– des berlines en roues libres
– des ciseaux bourlingueurs
– et des tramways en beurre de ca-chaos.

Alors là, j’veux en être
d’l’après d’maintenant
pour rencontrer c’t’oiseau là.

◊◊◊

Qui était-ce ?
La grenouille sur son rocher
le cul dans l’eau
attendait le quidam.
Le quidam, c’était
l’inconnu de la fable;
il fallait qu’il passât par là
et zipppp : plus là.
C’était un mardi
de lune rousse
en climat tempéré
loin, loin, si loin des tropiques
de par chez nous.

◊◊◊

Prière au persil
Saint Guy Toun du persil
que tes graines germent,
que tes folioles pullulent,
que ton goût époustoufle.
Semis ici,
souffle par là,
arrose de vie
nos bonnes salades.

◊◊◊

Prière aux courants d’air
Par le vent et par le haut
voltigent les paltos.
Quand les boutons sautent :
rideau-ciseau !
Le vide-poche s’estomaque.
A quand les fermetures éclair?

◊◊◊

Sans coup férir
– T’en as de bonnes toi!
Cent coups fait rire …?
Et ton croupion il en pense quoi ?
En plus y cause même pas le bon vieux “François”
“Sans cou fait rire” serait déjà mieux conjugué,
mais sans cou, où est la tête?
et comment en rire alors?
– Ah je vois que tu es féru de verve grammaticale!
Je féris
tu féris
il férit
nous férissons à grands coups de bâtons …
sans coup férir du tout du tout.

◊◊◊

Corinne Leforestier – Chaudon – juin 2022

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Un poème de Han Shan – 5

寒山詩

寒山棲隱處 絕得雜人過
時逢林內鳥 相共唱山歌
瑞草聯谿谷 老松枕嵯峨
可觀無事客 憩歇在巖阿

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

Han Shan perche dans un endroit retiré
rares sont les intrus du monde vulgaire
quand dans la forêt, il rencontre un oiseau
ensemble ils chantent le chant de la montagne
les herbes bénéfiques relient les vallées
des pins antiques s’accoudent aux rocs sauvages
regardez cet homme, libre de toute activité
en train de se reposer sur un rocher

Han Shan “merveilleux le chemin de Han Shan” – Edition Moundarren

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

une autre calligraphie du même poème

 A suivre …

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Un poème de Han Shan – 4

寒山詩

我向前溪照碧流
或向巖邊坐磐石
心似孤雲無所依
悠悠世事何須覓

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

Je vais vers le torrent me regarder dans le courant,
ou du côté de la falaise m’asseoir sur un grand rocher plat
le cœur comme un nuage solitaire, sans attache
les innombrables affaires du monde, pourquoi courir après?

Han Shan “merveilleux le chemin de Han Shan” – Edition Moundarren

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2021 – © corinne leforestier


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

La calligraphie de ce poème est un bon exercice de composition car des traits similaires demandent de réfléchir à la mise en page.

Par exemple dans la composition ci-dessous, 心 m’a posé problème.
Il signifie le cœur. Mais il est aussi présent dans le caractère composé 悠 (doux modéré).
Leur proximité dans deux colonnes voisines n’est pas agréable à l’oeil.

J’ai trouvé différentes solutions pour résoudre ce problème :
1 – changer le nombre de caractères par colonne pour que les deux 心 ne soient plus en vis-à-vis
2 – changer la forme du caractère 心 comme dans la calligraphie ci-dessous.

Comparez les trois compositions présentées ensemble.

 

Je ne suis pas totalement satisfaite du résultat et, chemin faisant,
j’ai découvert d’autres problèmes de compositions à résoudre.
J’y reviendrai donc sans doute un jour !

 A suivre …

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Un poème de Yang Wan Li : journée de printemps

春日 – 楊萬里

春醉非關酒
郊行不問途
青天何處了
白鳥入空無

Journée de printemps – Yang Wan Li (1127-1206)

ivre dans le printemps, ce n’est pas à cause du vin
dans la campagne je me promène, sans souci du chemin
le ciel d’azur, où se termine-t-il ?
un oiseau blanc entre dans le ciel avant d’y disparaître

Yang Wan Li – le son de la pluie
Edition Moundarren

Un poème de Yang Wan Li calligraphié en xincao © corinne leforestier 2022

 


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

Deux calligraphies des différents vers du poème

Une autre calligraphie du poème entier sur petit format
(papier de riz 50 x 34)

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Un poème de Han Shan – 3

寒山詩

千雲萬水間  中有一閑士
白日遊青山  夜歸巖下睡
倏爾過春秋  寂然無塵累
快哉何所依  靜若秋江水

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

mille nuages, dix mille cours d’eau
au milieu un homme, oisif
le jour je me promène dans la montagne verte
la nuit je reviens dormir sur la falaise
rapides passent printemps et automne
silencieux, loin de la poussière et des tracas
joyeux, rien pour me retenir
calme, comme les eaux du fleuve d’automne

Han Shan “merveilleux le chemin de Han shan” – Edition Moundarren

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

4 calligraphies des différents vers du poème

une autre calligraphie du poème

 A suivre …

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heure incertaine : nouvelle peinture

L’une de mes dernières peintures

Heure incertaine – technique mixte sur toile 116 x 89 – 2022 © Corinne Leforestier

Chemin tournant

Il y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l’eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d’orgue dans les sentiers
Le navire du cœur qui tangue
Tous les désastres du métier

Quand les feux du désert s’éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme des brins d’herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles
Le matin à peine levé
Il y a quelqu’un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées

Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte
règle le
mouvement et pousse l’horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent
Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s’est passé au monde
Et cette fête
Où j’ai perdu mon temps.

Pierre Reverdy – Main d’œuvre – Poésie Gallimard

 

Un autre point de vue de la même peinture

Heure incertaine, sens dessus-dessous © Corinne Leforestier

Avez-vous perdu le sens du temps et de l’espace comme moi ?

Le même tableau dans un sens et dans l’autre

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