Catégorie : création Page 1 of 3

Une peinture pour fêter l’arrivée du printemps

au printemps – Technique mixte sur toile 80 x 80  © Corinne Leforestier 2023

 

Cheveux au vent
Tambour battant,

Allons
nousen,
À la rencontre du printemps.

Des arbres, des toits, des auvents,
Il pleut des milliers d’hirondelles.

Le soleil verse sur les champs,

De pleins paniers de fleurs nouvelles.

Cheveux au vent,
Tambour battant,

Allons
nousen,
À la rencontre du printemps.

Prenons nos trompettes gaiement
Et sonnons la mort de l’hiver.

La terre est comme un agneau blanc

Dans les bras nus de l’univers.

Cheveux au vent,
Tambour battant,

Allons
nousen,

Maurice Carême

Quelques détails de la peinture pour y plonger le coeur battant…

 

cette peinture est exposée à la galerie.

Visitez

Je vous souhaite de belles balades, cheveux au vent

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balade dans les arbres

Depuis le début de l’été, jambe cassée, j’ai rendez-vous avec les arbres tous les matins et tous les soirs avant et après le lever du soleil.  Il fait alors bon sur la terrasse. Je peux dessiner tranquillement presque deux heures.

Dessiner un même motif pendant deux mois apporte une autre façon d’être reliée. La lumière change mais aussi la manière d’être attentive à ce qu’on croit connaître et qu’on finit par ne plus voir ! Une aventure de chaque instant avec bien sûr quelques écueils, mais chemin faisant, de belles surprises.

Je suis certaine aussi que ces heures passées en contemplation, crayon ou pinceau à la main, alimenteront mes prochaines peintures.

J’espère que ces dessins en donneront un aperçu.

Les dessins ci-dessous sont réalisés sur un papier 160g – format A2 (42  x 59,4)

 

à la gauche du tilleul – fusain

 

sous le saule – craie conté

 

 

à la gauche du tilleul – encre

 

le frêne – encre

 

le pommier – craie conté

 

Ci-dessous, une autre série de dessins à l’encre au format A4

Du côté des chênes, plein Est

 

Du côté du tilleul, plein Ouest

 

 

le vent d’ouest

En dessinant,  je pensais aussi souvent à certains passages du livre “je suis ce que je vois” de Alexandre Hollan

 

Voir, c’est aussi reconnaître le moment où une perception résonne dans le corps.

Maintenir une partie de l’attention au monde extérieur permet au regard de prendre corps. Une réalité plus profonde apparaît… Une image plus stable, plus durable. Je commence à avoir contact avec ce que je vois. En avoir un goût, une sensation.

Regarder avec attention, avec patience et souplesse, pour réinventer, pour retrouver quelque chose. Regarder n‘est pas rien, c’est un travail « à l’envers » : se détacher du concept, des formulations, de l’envie de s’exprimer, de l’envie de se mettre à dessiner, à peindre.

Une impression est un contact bref entre le monde extérieur et quelque chose qui intérieurement lui correspond.

Le regard procède par touches et rebondissements, d’où des vibrations à la surface du dessin.

L’œil ne voit pas la ligne. La ligne est dans le temps. La vision est hors du temps. Dessiner le mouvement c’est courir dans le visible.

Laisser le regard s’élargir. Ne pas s’arrêter sur un détail. Ramener le regard perdu dans le monde. Loucher, brouiller le regard pour qu’il se libère des formes qui le captent.

 

autour du tilleul – photo

 

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balade sous les arbres

Cet été, une jambe cassée m’a empêchée de parcourir les chemins.

Je suis donc partie en balade à coups de crayons en m’inspirant de certaines œuvres trouvées sur le site des collections du Louvre.

 

Belle balade au bord de l’eau et sous les arbres …

Tous les dessins sont réalisés sur un papier 160g – format A4

 

 

Assis à l’ombre des chênes, entendez-vous cette poésie de Hugo ?

Aux arbres

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le cœur d’amour.
Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l’esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l’œil dans l’herbe profonde,
L’étude d’un atome et l’étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance,
Et je suis plein d’oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel! –
J’ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon cœur est encor tel que le fit ma mère!
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds,
Ravins où l’on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère,
C’est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m’endormirai.

Victor Hugo, Les Contemplations

 

 

A suivre une série de dessins d’arbres vus de la terrasse de la maison …

 

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la traversée des entournements : dernière peinture 2022

Ma dernière peinture, pour partir explorer l’inconnu …

la traversée des entournements – Technique mixte sur toile – 114 x 146 – © corinne leforestier

J’aime me perdre dans la peinture lorsque je peins.
Y retrouver des traces laissées par accident et partir en cheminements variés.
Les extraits suivants du texte Émergences-résurgences d’Henri Michaux expriment bien ce que je cherche en peignant.
Et c’est sans fin, toujours ouvert sur l’inconnu à découvrir.

Peindre pour manipuler le monde (les formes), et tâter de plus près, directement. Je devais sans doute rencontrer la peinture. La peinture est une base où on peut commencer à zéro. Support qui doit moins aux ancêtres. Au moins je fais éclater un des couvercles qui me retenait.

[…]

Par mon incapacité, riche au moins en surprises, je me donne des surprises… plus qu’ailleurs, jeune par jeune savoir. Par les chocs, les bévues. (Et non pas fixé au résultat tel quel, mais pour savoir ce qui viendra après, Peinture-étape.)

[…]

Peinture pour l’aventure, pour que dure l’aventure de l’incertain, de l’inattendu. Après des années toujours encore l’aventure.

Émergences-résurgences – Henri Michaux

Quelques détails de la peinture pour partir en exploration …

Je vous souhaite pour 2023 de cheminer
de découvertes en surprises,
de rester toujours dans l’Ouvert…

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Une poésie de Zu Yong calligraphiée en quatre styles

J’ai travaillé cette poésie avec Shi Bo dans deux cursus.

J’ai voulu voir où j’en étais aujourd’hui en calligraphie et ai donc décidé de reprendre ce travail.
A partir des modèles donnés par Shi Bo dans ses cursus, et du souvenir des conseils dispensés, j’ai travaillé les 3 styles : kaishu (régulier), xinshu (courant), caoshu (herbe folle).

J’ai aussi commencé à travailler cette même poésie d’après un modèle de Su Dong Po.

Le travail de calligraphie est sans fin …

 

终南望余雪

En contemplant la neige sur le mont Zhongnan

祖詠
Zu Yong(699?~746?)

終南陰嶺秀
積雪浮雲端
林表明霽色
城中增暮寒

Sur le mont Zhongnan quelle beauté du versant ombreux
Son sommet coiffé de neige perce les nuages moutonneux
Le ciel limpide se reflète dans le bois brumeux
Dans la capitale au crépuscule s’accroît le froid laiteux

traduction Shi Bo

calligraphié en kaishu (Corinne Leforestier 2022)

calligraphié en xinshu (Corinne Leforestier 2022)

calligraphié en caoshu (Corinne Leforestier 2022)

Exercices calligraphiques

Les 4 vers en 4 styles : de droite à gauche :
Kaishu, xinshu, caoshu, xinshu d’après Su Dong Po

vers1 : 終南陰嶺秀 Sur le mont Zhongnan quelle beauté du versant ombreux

 

vers2 積雪浮雲端 Son sommet coiffé de neige perce les nuages moutonneux

 

vers3 林表明霁色 Le ciel limpide se reflète dans le bois brumeux

 

vers4 城中增暮寒 Dans la capitale au crépuscule s’accroît le froid laiteux

 

A suivre …

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quatre nouvelles gravures : au fil de l’eau, à l’ombre du ravin

Les nouvelles gravures ont été  inspirées de dessins
croqués dans les ravins.

Les quatre dessins

Les quatre gravures correspondantes, aquatintes au sucre sur cuivre 30 x 20 tirées sur papier lana 56 x 38 sur la presse de l’artiste.

La composition des gravures 1, 3 et 4 est proche de celle des dessins mais celle de la deuxième est très différente. Cela peut s’expliquer par la façon dont j’utilise la technique de l’aquatinte au sucre.

Le dessin est un simple point de départ. L’aquatinte au sucre sur cuivre (ou zinc) facilite les accidents, propices au cheminement de la création.

Voici les états successifs de la gravure N°2.

Comme vous pouvez le constater, la gravure s’enrichit au fil des états et parfois des accidents entraînent de grands changements : ici une morsure trop longue (bain de perchlorure de fer trop chaud par temps caniculaire) a entraîné trop de gris dans le quatrième état. la gravure s’est avérée plus équilibrée en la retournant de bas en haut.

Je vous expliquerai dans un prochain article la technique de l’aquatinte au sucre.

A suivre

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au bout de l’île : nouvelle peinture

Ma dernière peinture, de retour du moulin normand …

au bout de l’île – technique mixte sur toile (114 x 146) © Corinne Leforestier 2022

La rivière endormie

Dans son sommeil glissant l’eau se suscite un songe
Un chuchotis de joncs de roseaux d’herbes lentes
Et ne sait jamais bien dans son dormant mélange
Où le bougeant de l’eau cède au calme des plantes

La rivière engourdie par l’odeur de la menthe
Dans les draps de son lit se retourne et se coule
Mêlant ses mortes eaux à sa chanson coulante
Elle est celle qu’elle est surprise d’être une autre

L’eau qui dort se réveille absente de son flot
Écarte de ses bras les lianes qui la lient
Déjouant la verdure et l’incessant complot
Qu’ourdissent dans son flux les algues alanguies.

Claude ROY – Poésie Gallimard

 

Les croquis de préparation pris sur le vif, assise dans l’herbe au moulin (sans juilletas c’est-à-dire les aoûtas de juillet).

Un autre poème pour partir en balade les pieds dans l’eau….

La rivière

 D’un bord à l’autre bord j’ai passé la rivière,
Suivant à pied le pont qui la franchit d’un jet
Et mêle dans les eaux son ombre et son reflet
Au fil bleui par le savon des lavandières.

J’ai marché dans le gué qui chante à sa manière.
Étoiles et cailloux sous mes pas le jonchaient.
J’allais vers le gazon, j’allais vers la forêt
Où le vent frissonnait dans sa robe légère.

J’ai nagé. J’ai passé, mieux vêtu par cette eau
Que par ma propre chair et par ma propre peau.
C’était hier. Déjà l’aube et le ciel s’épousent.

Et voici que mes yeux et mon corps sont pesants,
Il fait clair et j’ai soif et je cherche à présent
La fontaine qui chante au cœur d’une pelouse.

Robert DESNOS – Recueil “Contrée”

A quand la prochaine pluie ?…

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heure incertaine : nouvelle peinture

L’une de mes dernières peintures

Heure incertaine – technique mixte sur toile 116 x 89 – 2022 © Corinne Leforestier

Chemin tournant

Il y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l’eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d’orgue dans les sentiers
Le navire du cœur qui tangue
Tous les désastres du métier

Quand les feux du désert s’éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme des brins d’herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles
Le matin à peine levé
Il y a quelqu’un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées

Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte
règle le
mouvement et pousse l’horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent
Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s’est passé au monde
Et cette fête
Où j’ai perdu mon temps.

Pierre Reverdy – Main d’œuvre – Poésie Gallimard

 

Un autre point de vue de la même peinture

Heure incertaine, sens dessus-dessous © Corinne Leforestier

Avez-vous perdu le sens du temps et de l’espace comme moi ?

Le même tableau dans un sens et dans l’autre

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entre ciel et oiseau : une nouvelle peinture

Voici l’une de mes dernières peintures

entre ciel et oiseau – acrylique sur toile 182 x 120 © corinne leforestier

 

C’est presque l’invisible qui luit

C’est presque l’invisible qui luit
au-dessus de la pente ailée ;
il reste un peu d’une claire nuit
à ce jour en argent mêlée.

Vois, la lumière ne pèse point
sur ces obéissants contours
et, là-bas, ces hameaux, d’être loin,
quelqu’un les console toujours.

Rainer Maria Rilke – Les quatrains valaisans

 

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Une poésie de Su Dong Po calligraphiée en trois styles

Une poésie de Su Dong Po de saison,
calligraphiée en trois sytles : kaishu, xingshu, xingcao

書雙竹湛師房

Inscrit sur le mur de la chambre de maître Chan
au temple des deux bambous

蘇東坡
Su Dong Po(1037~1101)

暮鼓朝鍾自擊撞
閉門孤枕對殘釭
白灰旋撥通紅火
臥聽蕭蕭雨打窗

au crépuscule on frappe le tambour, à l’aube on sonne la cloche
porte close, sur l’oreiller solitaire face à la lampe qui s’éteint
je remue les cendres blanches, aussitôt le feu se ravive, rouge
allongé j’écoute « siao siao » la pluie tape à la fenêtre

“Le poêle et le poète et autres plaisirs poétiques de l’hiver” – Edition Moundarren

Une poésie de Su Dong Po calligraphié en xingshu (style courant)  en 2021 – © Corinne Leforestier

蕭蕭 siao siao fait la pluie …

 

Le même poème calligraphié en Kaishu (style régulier)

et en xingcao (mélange de caoshu – style herbe folle et xingshu (style courant)

les 3 ensembles

bonnes fêtes de fin d’année au coin du feu

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