Étiquette : poésie Page 4 of 8

Wang Wei – l’étang aux lentilles d’eau

王维 – 萍池

Wang Wei (701 – 761)
L’étang aux lentilles d’eau

Un poème de Wang Wei calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier

春池深且廣
會待輕舟回
靡靡綠萍合
垂楊掃復開

L’étang aux lentilles d’eau
Au printemps l’étang est large et profond
j’attends le retour de la barque légère
lentement, lentement les lentilles d’eau se rassemblent
le saule pleureur les balaye, à nouveau les éparpille

Traduction : Wang Wei – le plein du vide – Edition Moundarren

 

Une autre calligraphie de ce poème

Dans ce poème le caractère est répété deux fois.

En calligraphie quand un caractère est répété,
le deuxième peut être remplacé par
le signe :

Je vous souhaite un bel été au frais au bord de l’eau !

La mare de la trigale (Eure) – photo de Corinne Leforestier (juillet 2022)

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Un poème de Han Shan – 5

寒山詩

寒山棲隱處 絕得雜人過
時逢林內鳥 相共唱山歌
瑞草聯谿谷 老松枕嵯峨
可觀無事客 憩歇在巖阿

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

Han Shan perche dans un endroit retiré
rares sont les intrus du monde vulgaire
quand dans la forêt, il rencontre un oiseau
ensemble ils chantent le chant de la montagne
les herbes bénéfiques relient les vallées
des pins antiques s’accoudent aux rocs sauvages
regardez cet homme, libre de toute activité
en train de se reposer sur un rocher

Han Shan “merveilleux le chemin de Han Shan” – Edition Moundarren

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

une autre calligraphie du même poème

 A suivre …

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Un poème de Han Shan – 4

寒山詩

我向前溪照碧流
或向巖邊坐磐石
心似孤雲無所依
悠悠世事何須覓

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

Je vais vers le torrent me regarder dans le courant,
ou du côté de la falaise m’asseoir sur un grand rocher plat
le cœur comme un nuage solitaire, sans attache
les innombrables affaires du monde, pourquoi courir après?

Han Shan “merveilleux le chemin de Han Shan” – Edition Moundarren

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2021 – © corinne leforestier


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

La calligraphie de ce poème est un bon exercice de composition car des traits similaires demandent de réfléchir à la mise en page.

Par exemple dans la composition ci-dessous, 心 m’a posé problème.
Il signifie le cœur. Mais il est aussi présent dans le caractère composé 悠 (doux modéré).
Leur proximité dans deux colonnes voisines n’est pas agréable à l’oeil.

J’ai trouvé différentes solutions pour résoudre ce problème :
1 – changer le nombre de caractères par colonne pour que les deux 心 ne soient plus en vis-à-vis
2 – changer la forme du caractère 心 comme dans la calligraphie ci-dessous.

Comparez les trois compositions présentées ensemble.

 

Je ne suis pas totalement satisfaite du résultat et, chemin faisant,
j’ai découvert d’autres problèmes de compositions à résoudre.
J’y reviendrai donc sans doute un jour !

 A suivre …

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Un poème de Yang Wan Li : journée de printemps

春日 – 楊萬里

春醉非關酒
郊行不問途
青天何處了
白鳥入空無

Journée de printemps – Yang Wan Li (1127-1206)

ivre dans le printemps, ce n’est pas à cause du vin
dans la campagne je me promène, sans souci du chemin
le ciel d’azur, où se termine-t-il ?
un oiseau blanc entre dans le ciel avant d’y disparaître

Yang Wan Li – le son de la pluie
Edition Moundarren

Un poème de Yang Wan Li calligraphié en xincao © corinne leforestier 2022

 


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

Deux calligraphies des différents vers du poème

Une autre calligraphie du poème entier sur petit format
(papier de riz 50 x 34)

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Un poème de Han Shan – 3

寒山詩

千雲萬水間  中有一閑士
白日遊青山  夜歸巖下睡
倏爾過春秋  寂然無塵累
快哉何所依  靜若秋江水

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

mille nuages, dix mille cours d’eau
au milieu un homme, oisif
le jour je me promène dans la montagne verte
la nuit je reviens dormir sur la falaise
rapides passent printemps et automne
silencieux, loin de la poussière et des tracas
joyeux, rien pour me retenir
calme, comme les eaux du fleuve d’automne

Han Shan “merveilleux le chemin de Han shan” – Edition Moundarren

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2022 – © corinne leforestier


Exercices préparatoires : quatre caractères calligraphiés à partir des modèles de cinq grands calligraphes (extraits du texte “1000 caractères”)

de gauche à droite :

Huai Su 懷素 (737–799) colonne 1

Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2

Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3

Zhi Yong 智永 (581-618) colonnes 4 et 5

Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6

4 calligraphies des différents vers du poème

une autre calligraphie du poème

 A suivre …

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Un poème de Han Shan – 2

寒山詩

今日巖前坐
坐久煙雲收
一道清谿冷
千尋碧嶂頭
白雲朝影静
明月夜光浮
身上無塵垢
心中那更憂

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

Aujourd’hui, je suis assis devant une falaise
Brumes et nuages finissent par se dissiper
L’unique voie d’accès est un cours d’eau clair et froid
À deux mille mètres culminent les monts de jade
Le matin, les ombres des nuages blancs bougent à peine
La nuit, une lune brillante ondoie sur les flots
Sur mon corps, il n’y a ni poussière ni souillure
Comment y aurait-il encore des soucis dans mon cœur ?

traduction Ahikar

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2021 – © corinne leforestier


Le voici lu en mandarin

 

jīn rì yán qián zuò ,
zuò jiǔ yān yún shōu 。
yī dào qīng xī lěng ,
qiān xún bì zhàng tóu 。
bái yún zhāo yǐng jìng ,
míng yuè yè guāng fú 。
shēn shàng wú chén gòu ,
xīn zhōng nà gēng yōu 。

◊◊◊◊◊

Vous trouverez aussi quelques explications
tirées d’un texte rédigé par Ahikar

Troisième vers :
一道清谿冷
yī dào qīng xī lěng
L’unique voie d’accès est un cours d’eau clair et froid.

道 (dào) : L’auteur joue sur le sens de dào, la voie au sens propre, et la voie (le tao) difficile d’accès, même pour les initiés.

Septième vers :
身上無塵垢
shēn shàng wú chén gòu
Sur mon corps il n’y a ni poussière ni souillure

Dans la biographie du grand poète Qu Yuan (vers 343 – vers 279 av. notre ère) par Sima Qian (145-87 avant notre ère), le grand historien écrit :
« Lavé des souillures (du monde), dépouillé de la flétrissure (de son siècle), telle une cigale de sa mue, il sait voguer librement au-delà des poussières (de ce siècle), sans être taché par ses impuretés. Immaculé, la boue ne le souille point. »
(Qu Yuan, Élégie de Chu, page 27, traduction de Rémi Mathieu)

sans poussière 無塵 © corinne leforestier 2021


Une autre calligraphie du même poème

A suivre …

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Un poème de Han Shan

寒山詩

一住寒山萬事休
更無雜念掛心頭
閑書石壁題詩句
任運還同不繫舟

Un poème de Han Shan 寒山 (VIIe ‑ VIIIe)

une fois à Han Shan les dix mille affaires cessent
plus aucune pensée fugace ne s’accroche au cœur
oisif, sur un rocher j’inscris des poèmes,
accordé au flux, comme une barque sans amarre.

Han Shan “merveilleux le chemin de Han shan” – Edition Moundarren

Le premier vers du poème fait référence au nom de la montagne Han Shan « Montagne Froide » située dans le massif du TianTai (天台山). Le poète adopta le même nom ;

Un poème de Han Shan calligraphié en xingcao en 2021 – © corinne leforestier


Le voici calligraphié en kaishu

Une autre calligraphie du même poème

Nous allons passer quelques semaines avec Han Shan 寒山.
Han shan (ermite montagne froide) est l’un des poètes ch’an de la tradition chinoise.
La légende raconte qu’on a retrouvé ses poèmes inscrits sur les arbres, les rochers, les murs …

J’aime imaginer cet ermite assis sous les pins au bord d’un torrent en train de contempler longuement un papillon ou une chenille,
puis dans une fulgurance, aller graver un poème sur un rocher et redescendre en riant dans son ermitage …

Il figure dans le roman “les clochards célestes” de Jack Kerouac.

— Han Shan, vois-tu, était un érudit chinois qui, ne pouvant plus supporter la grande ville et le monde, alla se cacher dans les montagnes.

Ça te ressemble assez.

— En ce temps-là, on pouvait vraiment faire ça. Il est resté dans des grottes, près d’un monastère bouddhiste dans la région de T’ang Hsing (c’est dans la province de T’ien Tai) et le seul être humain qu’il fréquentait était ce drôle de bonhomme… Shih-Te, un Fou du Zen qui avait mission de balayer le monastère avec un balai de paille. Shih-Te, était aussi un poète, mais il n’a pas écrit grand-chose. De temps à autre, Han Shan descendait de la Montagne Froide, avec ses habits d’écorce, et pénétrait dans la chaude cuisine du monastère pour mendier un peu de nourriture. Mais aucun des moines ne voulait lui en donner sous prétexte que le solitaire refusait d’entrer dans les ordres et de répondre à l’appel de la cloche invitant les moines à la méditation trois fois par jour. Tu comprendras pourquoi en lisant quelques-unes de ses professions de foi, comme… – écoute, je vais t’en traduire un passage directement… » Je me penchai par-dessus son épaule pour voir les grandes griffes d’oiseaux sauvages qu’il déchiffrait sur l’original : « Quand je remonte le sentier de la Montagne Froide, le sentier de la Montagne Froide s’allonge devant moi ; une longue gorge barrée d’éboulis et de gros blocs, une large vallée dont l’herbe s’efface dans la brume ; la mousse est glissante, encore qu’il n’ait pas plu ; le pin murmure, bien qu’il n’y ait pas de vent ; qui peut dénouer les liens du monde et s’asseoir avec moi parmi les nuages blancs ? »

Kerouac

 

Han Shan et Shi De (寒山 拾得)

A suivre …

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Une poésie de Su Dong Po calligraphiée en trois styles

Une poésie de Su Dong Po de saison,
calligraphiée en trois sytles : kaishu, xingshu, xingcao

書雙竹湛師房

Inscrit sur le mur de la chambre de maître Chan
au temple des deux bambous

蘇東坡
Su Dong Po(1037~1101)

暮鼓朝鍾自擊撞
閉門孤枕對殘釭
白灰旋撥通紅火
臥聽蕭蕭雨打窗

au crépuscule on frappe le tambour, à l’aube on sonne la cloche
porte close, sur l’oreiller solitaire face à la lampe qui s’éteint
je remue les cendres blanches, aussitôt le feu se ravive, rouge
allongé j’écoute « siao siao » la pluie tape à la fenêtre

“Le poêle et le poète et autres plaisirs poétiques de l’hiver” – Edition Moundarren

Une poésie de Su Dong Po calligraphié en xingshu (style courant)  en 2021 – © Corinne Leforestier

蕭蕭 siao siao fait la pluie …

 

Le même poème calligraphié en Kaishu (style régulier)

et en xingcao (mélange de caoshu – style herbe folle et xingshu (style courant)

les 3 ensembles

bonnes fêtes de fin d’année au coin du feu

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Pensées des morts

Les couleurs de l’automne sont là,
et le souvenir d’un beau texte de Lamartine mis en musique et chanté par Brassens revient…

Belle écoute

clue de la peine © Photo – Corinne Leforestier 2021

clue de la peine © Photo – Corinne Leforestier 2021

Pensées des morts

Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s’élève
et gémit dans le vallon
voilà l’errante hirondelle
qui rase du bout de l’aile
l’eau dormante des marais
voilà l’enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des forets

C’est la saison où tout tombe
aux coups redoublés des vents
un vent qui vient de la tombe
moissonne aussi les vivants
ils tombent alors par mille
comme la plume inutile
que l’aigle abandonne aux airs
lorsque des plumes nouvelles
viennent réchauffer ses ailes
à l’approche des hivers

C’est alors que ma paupière
vous vit pâlir et mourir
tendres fruits qu’à la lumière
dieu n’a pas laissé mûrir
quoique jeune sur la terre
je suis déjà solitaire
parmi ceux de ma saison
et quand je dis en moi-même
où sont ceux que ton cœur aime?
je regarde le gazon

C’est un ami de l’enfance
qu’aux jours sombres du malheur
nous prêta la providence
pour appuyer notre cœur
il n’est plus : notre âme est veuve
il nous suit dans notre épreuve
et nous dit avec pitié
Ami si ton âme est pleine
de ta joie ou de ta peine
qui portera la moitié?

C’est une jeune fiancée
qui, le front ceint du bandeau
n’emporta qu’une pensée
de sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas ! dans le ciel même
pour revoir celui qu’elle aime
elle revient sur ses pas
et lui dit : ma tombe est verte!
sur cette terre déserte
qu’attends-tu? je n’y suis pas!

C’est l’ombre pâle d’un père
qui mourut en nous nommant
c’est une sœur, c’est un frère
qui nous devance un moment
tous ceux enfin dont la vie
un jour ou l’autre ravie,
emporte une part de nous
murmurent sous la pierre
vous qui voyez la lumière
de nous vous souvenez vous?

Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s’élève
et gémit dans le vallon
voilà l’errante hirondelle
qui rase du bout de l’aile
l’eau dormante des marais
voilà l’enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des forets

Lamartine

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Huang Geng- Amarrant la jonque à Lin Ping

黃庚-臨平泊舟

Huáng Gēng (13ème)
amarrant la jonque à Lin Ping

Une poésie de Huáng Gēng calligraphiée en xingcao en 2021 – © Corinne Leforestier

客舟繫纜柳陰旁
湖影侵篷夜氣涼
萬頃波光搖月碎
一天風露藕花香

la jonque du voyageur est amarrée dans l’ombrage des saules
dans la pénombre, sur le lac l’air frais nocturne assaille l’auvent
sur dix milles arpents les vagues scintillantes bercent la lune brisée
le vent chargé de rosée emplit le ciel du parfum de fleurs de lotus

“L’art de la sieste – l’été” – Edition Moundarren

 

◊◊◊◊◊

Deux autres calligraphies de ce poème

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